Un pasteur en livrée

[MWAAMBA NUMBI PASCAL PROSPER]

Ancien couvent de frères mineurs,
le Martin’s Patershof, à Malines, est
un bien surprenant hôtel 4 étoiles.
À l’image de certains membres
du personnel, tel Pascal Prospère
Mwamba, serveur, mais aussi pasteur
évangélique.
Pascal Mwamba s’active sous
le regard du Christ, qui trône
royalement dans un retable
authentique. La grande salle du
restaurant de l’hôtel a conservé
des signes de son passé ecclésial.
L’austérité du lieu a cependant fait
place à un ensemble design et serein,
grâce à la finesse audacieuse de
l’architecte d’intérieur. Pasteur mais
avant tout serveur, Pépé, comme le
surnomment affectueusement ses
proches, manie l’art de la table et
le service en salle avec élégance et
efficacité.Travailler dans l’ancien
choeur d’une église n’est pas pour
lui déplaire. "Mon bonheur, c’est de
servir chaque jour dans la maison de
Dieu." L’aboutissement heureux d’un
parcours long et éprouvant…
Le plongeur de l’Océan
Arrivé en Belgique en 1991, via
Zaventem, cet immigré congolais a
vite déchanté, en découvrant une réalité
bien éloignée du mythe européen
qu’il s’était inventé depuis Kinshasa.
À Bruxelles, il est engagé comme
plongeur à "L’Océan", un petit restaurant
de Saint-Gilles. C’est son premier
job. Les temps sont rudes pour
ce jeune Africain en pleine perte de
repères. "Je vivais une vie dissolue,
pas très recommandable, ce qui m’a
valu, à titre de représailles de mes excès,
de me faire rosser par une bande
de voyous congolais, bien connue à
Bruxelles. J’ai passé deux semaines
à l’hôpital. Aujourd’hui encore, j’ai
du mal à voir de l’oeil gauche."
Et un miracle arriva… "Le frère
d’une ancienne amie est venu me
voir et m’a dit: ‘Je ne suis pas chrétien,
mais je vais t’emmener dans
"Il m’a donné des
solutions, ou plutôt
une: Jésus…"
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une église. Cela va te faire du bien’.
Alors, il m’a tiré jusqu’à Schaerbeek,
à la Nouvelle Jérusalem. C’était la
toute première fois que j’entrais
dans une église en Belgique. Avant,
au Congo, ma famille
étant catholique,
j’allais à la messe.
Mais ici, j’avais tout
laissé tomber. C’est le
pasteur évangéliste
Fo, un Canadien, qui m’a accueilli.
Il m’a parlé de l’Évangile. Je me retrouvais
dans ses paroles. Il m’a dit
exactement ce que je vivais et m’a
donné des solutions, ou plutôt une:
Jésus…".
Pris en charge par la communauté
évangélique belge, Pascal Mwamba
s’est mis à évangéliser à son tour aux
côtés du "bishop" Martin Mutyebele,
voyageant de New York jusqu’en
Afrique."Il me galvanisait: ‘Si tu
t’accroches, tu iras loin’. Pour lui,
s’accrocher, c’était être sérieux. Et
être sérieux, c’était aimer Dieu." En
2003, il part à Malines pour assister
le pasteur Philippe Koti dans sa nouvelle
église, la New one Church.
De la salle à la chaire
Malgré son engagement dans l’Église
évangélique, Pascal Mwamba est
obligé de poursuivre son activité professionnelle
dans l’Horeca. Rafné
et amoureux des beaux atours, il est
passé rapidement de la plonge à la
salle, du petit restaurant à la grande
chaîne hôtelière
de luxe. "Au début,
j’allais au sous-sol
de l’hôtel, à chaque
pause, pour pouvoir
prier en silence. J’ai
une gourmette au poignet qui fait
beaucoup de bruit, surtout quand je
prie, car j’agite les mains. Ma responsable
m’a surpris une fois dans
la cave et elle a cru que je faisais
des incantations, des gris-gris…
C’est ainsi qu’ils ont su que j’étais
pasteur", raconte-t-il en riant.
Prêche virtuel
À défaut d’avoir une paroisse en dur,
Pépé prêche de manière virtuelle sur
la Grande Toile. "Tous les jours sur
www.onction.com, un site web international
qui propose 24h sur 24h de
la louange, de l’adoration et de la
prière, j’assure la veille spirituelle.
Pendant deux heures, je commente
un passage biblique pour aider les
dèles du Net dans leur méditation."
• Anne LECONTE